un coin de l' univers

Il semblait aux hommes que les Dieux les avaient abandonnés. L' un d' eux veillait encore sur la Terre mais une soudaine rage de dent le rendit irascible, colérique et dédaigneux. Seul dans la stratosphère, il se plaisait à observer les gros jouets des hommes afin de se divertir de sa douleur. Jet, yacht, voitures rouges et châteaux ravissaient ce Dieu devenu niais. Bling Bling et bimbos étaient sous sa protection. Peste, lèpre, famine et variole décimaient les miséreux car jamais ils ne disposaient des gadgets nécessaires afin d' attirer l' attention divine. Sous la bénédiction du Bourrin, les pauvres étaient surexploités afin d' entretenir des richesses colossales, les révolutions amélioraient un peu le quotidien des gueux mais au prix d' innombrables vies, de plus l' esclavage fût très vite remplacé par un salaria tout aussi abjecte, endettés les ouvriers restaient enchaînés. Il vint au Dieu Bourrin l' idée de se divertir en contemplant les pleurs et les prières de malheureux paysans, ils s' étaient agenouillés au pied des montagnes Annapourna, déesse d' abondance et de fécondité. Devant ce spectacle, les rires et les postillons du Bourrin formèrent une tempête, foudre et pluie violente décimèrent les miséreux. Dans sa distraction le Dieu Bourrin n' aperçu pas la comète qui fonçait en sa direction, elle ne passait près de la Terre que tous les cent ans, l' église utilisait l' événement afin d' apeurer les peuples et d' augmenter la Dîme, de vilaines cloches annonçaient alors la fin du monde. Le passage de la comète fût en effet cette fois déclencheur d' événements dévastateurs, tsunami et avalanches se succédèrent durant une nuit entière et pour cause; la grosse pierre percuta le crâne du Dieu Bourrin qui sous le choc fût projeté sur les trois montagnes Annapourna, deux d' entre elles lui crevèrent les yeux et la troisième lui arracha la dent douloureuse. 

Le climat changea radicalement sur la planète Terre. Pour se divertir, le Dieu Bourrin utilisait maintenant ses oreilles, les jacasseries des bourgeois lui étaient insupportables, l' or des églises pouvait briller, c' est bien peu d' éclat pour un aveugle. Non, ce qui amusait maintenant le Dieu Bourrin, c' est le rire des enfants qui s' amusent de rien. Les villages jusqu' alors délaissés et ravagés furent maintenant sujet de toute l' attention divine, ils bénéficiaires d' une pluie fine et douce, d' un soleil de caresses. La végétation devint partout abondante, les frontières disparurent. Milles fléaux s' abattirent sur les riches, s' apercevant que les pauvres étaient épargnés, ils délaissèrent leur or afin de se fondre dans les villages. L' harmonie fût déclarée, l' argent et les autres épidémies n' avaient plus leur place sous le sourire du Dieu Bourrin.